samedi 31 janvier 2015



O R G A N I S A T I O N 
de
 L' E U R O   2 0 1 6



INTERVIEW de l' Ancien directeur général du Comité français d'organisation du Mondial 1998, 

Jacques Lambert est le grand ordonnateur de l'Euro 2016, qui s'ouvrira dans 500 jours dans l'Hexagone (Le Monde)


Le coup d'envoi de l'Euro 2016 sera donné en France le 10 juin 2016, dans 500 jours. Où en sont les organisateurs par rapport au calendrier prévisionnel ?
Jacques Lambert : si j’avais dû signer il y a 4 ans, quand on a commencé l’organisation de l’Euro, sur l’état de la préparation à 17 mois de l’échéance, j’aurais signé pour en être là où on en est aujourd’hui. Franchement, on n’a pas rencontré, depuis le début du processus d’organisation, de graves problèmes. Il y a eu des difficultés à résoudre ou des problèmes à régler. On en a tous les jours. C’est le lot de tout organisateur. On a pu  développer notre plan de marche au rythme et dans les conditions qu’on souhaitait. Pour un organisateur, c’est une forme de confort totalement appréciable.
Où en est-on sur le dossier des stades ?
Sur les 10 stades qui ont été sélectionnés, cinq sont livrés et en service : le Stade de France, Lille, Nice– 2 stades neufs –Marseille et Saint-Etienne, 2 stades dont les travaux de rénovation sont terminés. Il reste donc 5 stades à livrer: 2 neufs, Bordeaux qui est en cours de finition et qui sera livré le 3 mai 2015, et Lyon qui sera lui livré à la fin de l’année 2015. Il y a aussi 3 stades en rénovation dont les travaux seront terminés courant 2015: le Parc des Princes, Lens et Toulouse. On est globalement dans le respect du calendrier qui avait été annoncé par le porteur du Projet, que cela soit les villes et les clubs.
Quand les billets seront-ils commercialisés ?
On tend vers la fin du printemps, puisque cela sera symboliquement le 10 juin 2015, soit un an avant le coup d’envoi de la compétition, qu’on mettra en vente la billetterie grand public. On a considéré que ce délai d’un an était suffisant. Ce n’était pas la peine de les mettre sur le marché plus tôt. La définition des tarifs est arrêtée par Michel Platini, le comité exécutif de l’UEFA et moi-même. On attend une opportunité médiatique, d'ici mai, pour annoncer la ploitique tarifaire avant de lancer la commercialisation proprement dite.
L'Euro 2016 est-il un chantier plus lourd que le Mondial 1998 ?
Non. En termes d’organisation, ce n'est pas fondamentalement différent. On est maintenant sur des événements comparables en termes de taille. 24 équipes au lieu de 32, 51 matchs au lieu de 64. D’une certaine façon, il est pour nous, Français, plus facile d’organiser l’Euro 2016 que le Mondial 1998. Pour 2 raisons. Un, on a l’expérience qu’on s’est créée progressivement au fil des vingt dernières années avec le Mondial 1998, les Mondiaux d’athlé, le Mondial de Rugby, etc. Deux, on a la puissance de l’UEFA derrière nous. En 98, c’était la FFF (La Fédération française de football) et le CFO (Comité français d'organisation) qui étaient responsables de l’organisation. Pour 2016, c’est l’UEFA qui est responsable de l’organisation et qui conserve la maîtrise de la commercialisation des droits.
Sur le plan organisationnel, quelles sont les grandes différences entre Euro 2016 SAS et le Comité français d'organisation du Mondial 1998 ?
Il n’y a pas beaucoup de différence. 650 salariés en juin 2016 au lieu de 700 pour le CFO. En 1998, le CFO avait une partie de responsabilité. En termes de fonctionnement interne, il n’y a pas de différence majeure. Pour moi, il y en a une : je ne suis plus directeur général, mais je suis président. Je n’ai plus les mains dans le cambouis comme je les avais en 98. J’ai un directeur général qui fait « le mauvais travail », celui qui nécessite d’être au four et au moulin tous les jours. Mais ce directeur général, Martin Kallen, c’est son quatrième Euro dans des fonctions similaires, donc il a une maîtrise exceptionnelle de la préparation de ce genre d’événement.
Que serait un Euro 2016 réussi sur le plan sportif ?
C’est un Euro qui ressemblerait à ce qui s’est fait lors de la dernière Coupe du Monde. Des bons matchs, du spectacle, des buts, de l’émotion. De la qualité sur la pelouse. Si de surcroît c’est réussi parce que l’équipe de France ajoutait sa pierre à l’édifice, comme en 1984, comme en 1998, jamais 2 sans 3, va jusqu’au bout, ça serait l’hyper cerise sur le gros gâteau. Didier Deschamps nous a un peu sauvé la mise le 19 novembre 2013 (après la victoire 3-0 des Bleus contre l'Ukraine lors du barrage retour au Mondial 2014). Il faut garder de la mesure. Il ne faut reconstruire après coup ce qu’aurait pu être l’avenir. L’Euro 2016, au regard de l’Europe, aurait été le même. Pour la France, cela aurait été autre chose. On a très bien senti au lendemain du match contre l’ Ukraine un changement d’éclairage vers l’Euro. Dès le lendemain de la qualification des Bleus pour la phase finale de la Coupe du monde, tout le monde se projetait déjà vers l’Euro 2016 en France. C’était déjà un passage obligé pour mettre l’équipe de France dans de bonnes conditions pour disputer son tournoi chez elle.
Et sur le plan économique ?
Des stades pleins pour tous les matchs. Pas seulement pour ceux de l’équipe de France ou des grands matchs. La France devra tirer le meilleur parti possible de cet événement.
La réussite de l'Euro 2016 conditionne-t-elle une éventuelle candidature de Paris aux JO de 2024 ?
J’ai fait récemment l’exercice de comptabiliser les événements mondiaux et continentaux que la France a organisé depuis vingt ans. Quand on y regarde bien, à l’exception des JO d’été et des Championnats du monde de Natation, comme on n’a pas de piscine, on a accueilli tout ce qu’on pouvait avoir comme finale mondiale ou européenne. On est, entre 1992 et 2018 (Ryder Cup), à 26 ou 27 événements organisés en France, soit un par an. La France est déjà reconnue dans le milieu sportif comme un organisateur fiable, compétent, efficace, etc. On n’a pas véritablement à faire la démonstration de notre savoir-faire ou de notre capacité. L’Euro 2016 ne devrait pas apporter fondamentalement plus que ce que la France a déjà démontré. On ne m’a pas sondé pour 2024. Le milieu olympique est un milieu très à part. Je ne me suis jamais considéré comme un expert en matière olympique. Je vais vous faire une confidence (il y a prescription) : Bertrand Delanoë m’avait proposé en 2003 la direction du comité de candidature de Paris 2012. J’ai réfléchi, mais décliné pour la raison que j’ai indiquée. Autant j’avais des compétences en matière d’organisation, autant pour conduire une candidature dans la famille olympique, il faut avoir d’autres qualités, d’autres réseaux. Je considérais que je ne les avais pas. J’ai préféré dire :« Je pense que je ne saurai pas faire. »



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