O R G A N I S A T I O N
de
L' E U R O 2 0 1 6
INTERVIEW de l' Ancien directeur général du Comité français d'organisation du Mondial 1998,
Jacques Lambert est le grand ordonnateur de l'Euro 2016, qui s'ouvrira dans 500 jours dans l'Hexagone (Le Monde)
Le coup d'envoi de
l'Euro 2016 sera donné en France le 10 juin 2016, dans 500 jours. Où
en sont les organisateurs par rapport au calendrier prévisionnel ?
Jacques Lambert : si
j’avais dû signer il y a 4 ans, quand on a commencé
l’organisation de l’Euro, sur l’état de la préparation à 17
mois de l’échéance, j’aurais signé pour en être là où on en
est aujourd’hui. Franchement, on n’a pas rencontré, depuis le
début du processus d’organisation, de graves problèmes. Il y a eu
des difficultés à résoudre ou des problèmes à régler. On en a
tous les jours. C’est le lot de tout organisateur. On a pu
développer notre
plan de marche au rythme et dans les conditions qu’on souhaitait.
Pour un organisateur, c’est une forme de confort totalement
appréciable.
Où en
est-on
sur le dossier des stades ?
Sur les 10 stades qui ont été
sélectionnés, cinq sont livrés et en service : le Stade de France,
Lille, Nice– 2 stades neufs –Marseille et Saint-Etienne, 2
stades dont les travaux de rénovation sont terminés. Il reste donc
5 stades à livrer: 2 neufs, Bordeaux qui est en cours de finition et
qui sera livré le 3 mai 2015, et Lyon qui sera lui livré à la fin
de l’année 2015. Il y a aussi 3 stades en rénovation dont les
travaux seront terminés courant 2015: le Parc des Princes, Lens et
Toulouse. On est globalement dans le respect du calendrier qui avait
été annoncé par le porteur du Projet, que cela soit les villes et
les clubs.
Quand
les billets seront-ils commercialisés ?
On tend vers la fin du printemps,
puisque cela sera symboliquement le 10 juin 2015, soit un an avant le
coup d’envoi de la compétition, qu’on mettra en vente la
billetterie grand public. On a considéré que ce délai d’un an
était suffisant. Ce n’était pas la peine de les mettre sur le
marché plus tôt. La définition des tarifs est arrêtée par Michel
Platini, le comité exécutif de l’UEFA et moi-même.
On attend une opportunité médiatique, d'ici mai, pour annoncer la
ploitique tarifaire avant de lancer la commercialisation proprement
dite.
L'Euro
2016 est-il un chantier plus lourd que le Mondial 1998 ?
Non. En termes d’organisation,
ce n'est pas fondamentalement différent. On est maintenant sur des
événements comparables en termes de taille. 24 équipes au lieu de
32, 51 matchs au lieu de 64. D’une certaine façon, il est pour
nous, Français, plus facile d’organiser l’Euro 2016 que le
Mondial 1998. Pour 2 raisons. Un, on a l’expérience qu’on s’est
créée progressivement au fil des vingt dernières années avec le
Mondial 1998, les Mondiaux d’athlé, le Mondial de Rugby, etc.
Deux, on a la puissance de l’UEFA derrière nous. En 98, c’était
la FFF (La Fédération
française de football) et
le CFO (Comité
français d'organisation) qui
étaient responsables de l’organisation. Pour 2016, c’est l’UEFA
qui est responsable de l’organisation et qui conserve la maîtrise
de la commercialisation des droits.
Sur
le plan organisationnel, quelles sont les grandes différences entre
Euro 2016 SAS et le Comité français d'organisation du Mondial
1998 ?
Il
n’y a pas beaucoup de différence. 650 salariés en juin 2016 au
lieu de 700 pour le CFO. En 1998, le CFO avait une partie de
responsabilité. En termes de fonctionnement interne, il n’y a pas
de différence majeure. Pour moi, il y en a une : je ne suis plus
directeur général, mais je suis président. Je n’ai plus les
mains dans le cambouis comme je les avais en 98. J’ai un directeur
général qui fait « le mauvais travail », celui qui nécessite
d’être au four et au moulin tous les jours. Mais ce directeur
général, Martin Kallen, c’est son quatrième Euro dans des
fonctions similaires, donc il a une maîtrise exceptionnelle de la
préparation de ce genre d’événement.
Que
serait un Euro 2016 réussi sur le plan sportif ?
C’est un Euro qui ressemblerait
à ce qui s’est fait lors de la dernière Coupe du Monde. Des bons
matchs, du spectacle, des buts, de l’émotion. De la qualité sur
la pelouse. Si de surcroît c’est réussi parce que l’équipe de
France ajoutait sa pierre à l’édifice, comme en 1984, comme en
1998, jamais 2 sans 3, va jusqu’au bout, ça serait l’hyper
cerise sur le gros gâteau. Didier Deschamps nous a un peu sauvé la
mise le 19 novembre 2013 (après la victoire 3-0 des Bleus contre
l'Ukraine lors du barrage retour au Mondial 2014). Il faut garder de
la mesure. Il ne faut reconstruire après coup ce qu’aurait pu être
l’avenir. L’Euro 2016, au regard de l’Europe,
aurait été le même. Pour la France, cela aurait été autre chose.
On a très bien senti au lendemain du match contre l’
Ukraine un
changement d’éclairage vers l’Euro. Dès le lendemain de la
qualification des Bleus pour la phase finale de la Coupe du monde,
tout le monde se projetait déjà vers l’Euro 2016 en France.
C’était déjà un passage obligé pour mettre l’équipe de
France dans de bonnes conditions pour disputer son tournoi chez elle.
Et
sur le plan économique ?
Des stades pleins pour tous les
matchs. Pas seulement pour ceux de l’équipe de France ou des
grands matchs. La France devra tirer le meilleur parti possible de
cet événement.
La réussite de
l'Euro 2016 conditionne-t-elle une éventuelle candidature de Paris
aux JO de 2024 ?
J’ai fait récemment l’exercice
de comptabiliser les événements mondiaux et continentaux que la
France a organisé depuis vingt ans. Quand on y regarde bien, à
l’exception des JO d’été et des Championnats du monde de
Natation, comme on n’a pas de piscine, on a accueilli tout ce
qu’on pouvait avoir comme finale mondiale ou européenne. On est,
entre 1992 et 2018 (Ryder Cup), à 26 ou 27 événements organisés
en France, soit un par an. La France est déjà reconnue dans le
milieu sportif comme un organisateur fiable, compétent, efficace,
etc. On n’a pas véritablement à faire la démonstration de notre
savoir-faire ou de notre capacité. L’Euro 2016 ne devrait pas
apporter fondamentalement plus que ce que la France a déjà
démontré. On ne m’a pas sondé pour 2024. Le milieu olympique est
un milieu très à part. Je ne me suis jamais considéré comme un
expert en matière olympique. Je vais vous faire une confidence (il y
a prescription) : Bertrand Delanoë m’avait proposé en 2003 la
direction du comité de candidature de Paris 2012. J’ai réfléchi,
mais décliné pour la raison que j’ai indiquée. Autant j’avais
des compétences en matière d’organisation, autant pour conduire
une candidature dans la famille olympique, il faut avoir d’autres
qualités, d’autres réseaux. Je considérais que je ne les avais
pas. J’ai préféré dire :«
Je pense que je ne saurai pas faire. »
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